Il toqua à la porte. Pas de réponse.
Il insista. En vain.
Son portable vibra contre la table basse du salon.
Il décrocha, sans regarder qui l’appelait, l’esprit plutôt accaparé par la recherche d’une solution à son problème.
Il répondit sèchement, sans s’en rendre compte.
- Quoi ?
/Allo ?/
Cette voix lui sembla familière sans pour autant appartenir à l’un de ses proches.
/Yunho?/
- Ouais. C’est qui ?
/Changmin/
Le self-control dans toute sa splendeur.
Plus ou moins.
- Qu’est-ce que tu veux ?
/J’aimerai … avoir des nouvelles d‘elle. S’il te plait./
- En quel honneur ?
/Je m’inquiète beaucoup pour elle. Je sais que je lui ai fait du mal mais…/
- Tu lui as fait
beaucoup de mal. De quel droit oses-tu m’appeler !
/Je me fait du soucis. Et je sais qu’elle refusera de me parler./
- Eh oui, que veux-tu, elle réfléchit maintenant.
/Je sais que tu m’en veux mais tu ne pourrais pas juste me dire si elle va bien ?/
- Non.
/Elle va mal?/
- Non, je ne te dirais rien. Parce qu’à présent tu ne fais plus partie de sa vie. Et que tu n’aurais jamais du en faire partie.
Son interlocuteur soupira, visiblement lassé par ce genre de discours.
/Écoute, la déception amoureuse ça fait partie de la vie. Si cela n’avait pas été moi, un autre l’aurait quitté. Tout le monde s’en remet./
- Si tu en es tellement persuadé pourquoi tu m’appelles ?
/Parce qu’elle n’est pas comme tout le monde. Elle est plus … fragile./
- Je ne savais pas que tu l’avais remarqué.
/Yunho…/
- Elle a des gens qui l’aiment autour d’elle. La déception amoureuse fait partie de la vie … T’en as d’autres des comme celle-là ? Parce que ça, ça n’aurait jamais dû faire partie de la sienne.
/Arrête de la couver comme ça t’es pas son père./
- Tu comptes me faire la morale ? M’apprendre comment me comporter avec elle ?! T’es mal placé j’te signale !
/Merde quoi! Laisse la respirer !/
- Je fais ce que je veux !
/…/
- Si t’as fini avec tes conneries, je raccroche j’ai pas que ça à faire moi.
/Tu la couves … parce que c’est ta meilleure amie hein ? Ou t’essaie d’éloigner tous les mecs qui s’approchent d’elle ?/
- Qu’est-ce que tu insinues.
/T’es amoureux d’elle ?!/
- Plus con que toi, tu meurs.
Et il raccrocha.
Imbécile.Il retourna près de la porte, passablement agacé.
- Tu ne devineras jamais qui vient de m’appeler.
Le silence lui répondit. Il ne devrait pas. Il le savait.
- Ton très cher Changmin.
Il n’aurait pas dû.
Elle attrapa le premier objet à portée de sa main et le lança contre la porte.
- Au lieu de défoncer la porte, dis quelque chose !
- J’en ai rien à faire ! Et toi fous moi la paix ! Tu n’as pas des valises à faire ?!
- C’est comme ça que tu le prends ?!
- Ouais !
- Très bien !
J’suis désolé. Me fait pas la gueule s’il te plait.
- Va-t-en !
Il appuya lentement sur la poignée et commença à pousser la porte.
- Dégage j’te dis ! Je ne veux pas te voir !
Parce que je ne veux pas te pardonner.- Me lance rien, j’viens en ami.
Il entra complètement dans la pièce et son cœur se serra.
Elle était allongée, les yeux rougis par les larmes.
M*rde, j’suis vraiment trop con.- Je suis désolé.
- Bah voyons. Ce n’est pas un peu facile de toujours venir me dire ça une fois que j’ai chialé !
Il se mordit la lèvre inférieure. Il ne pouvait rien répondre. Non seulement il avait tous les torts, mais en plus elle avait visé juste.
- Qu’est-ce que je peux faire pour me faire pardonner cette fois ?
La réponse tomba, évidente.
- Ne pars pas.
Non, il ne fallait pas qu’elle dise des choses comme ça. Il ne s’était pas mentalement préparé à ce qu’elle s’oppose à son départ.
- Mais il le faut tu sais.
Il lui caressa les cheveux, demande silencieuse pour qu’elle ne continue pas sur cette voie.
- Pourquoi ?
Les demandes silencieuses, ce n’est jamais efficace avec elle …- C’est comme ça.
Elle baissa les yeux, fixant un point invisible du sol.
- J’ai fait quelque chose de mal ?
Il écarquilla les yeux. Elle ne pouvait tout de même pas … culpabiliser ?!
- Pardon ?
- Je t’étouffe c’est ça ? Je te couve trop. Après tout, on se connaît depuis dix ans maintenant, et j’ai toujours été dans tes pattes. Cécile ça a été la goutte d’eau qui a fait débordé le vase c’est ça ?
- Non pas du tout. Je …
Il s’arrêta. Il ne pouvait tout de même pas lui annoncer ça comme ça, sans romantisme.
Et puis, il avait choisi de ne rien lui dire.
Mais s’il s’en allait comme ça, il n’aurait jamais de réponse. Il regretterait. Et toute sa vie il se demanderait si ses sentiments n’étaient pas réciproques…
Alors ? Lui dire ou pas ?
- Changmin m’a demandé de tes nouvelles.
Ne pas lui dire.
- Pourquoi tu changes de sujet ?
Enfin essayer de ne pas lui dire.
Et trouver un mensonge.
Vite.
- Tu ne me couves pas trop.
Ou pas.
- Je pars parce que je ne supporte plus la situation dans laquelle je suis.
Attention, pente glissante.
- C’est-à-dire ?
- Par rapport à la fille que j’aime.
Très glissante.
- Mais encore ?
- Elle ne le sait pas et ne le saura probablement jamais. Mais j’en peux plus de vivre en la voyant tous les jours. J’ai besoin de plus que la relation qu’elle m’offre.
- Je vois.
- Hn
- Je sais ce que tu ressens et même si moi je ne l’aurais sûrement pas fait, dis lui. Ça te soulagera. Et même si elle ne veut pas, ce n’est pas grave. Vaut mieux que tu sois fixé, et après t’iras de l’avant.
- Je ne peux pas.
- Timidité ?
- Oui aussi mais je ne veux pas perdre le peu de lien qu’elle m’offre déjà.
Le cœur de la jeune fille se serra.
Elle sentit une boule se former dans sa gorge.
Elle tenta de retenir ses larmes devant lui.
- Elle compte tant que ça alors. Elle compte plus que moi.
- Non pas du tout !
Yunho attention ! Tu vas finir par glisser.
- Bien sûr que si. Tu vas partir, me laisser, tout ça parce qu’elle ne ressent rien pour toi.
Il se tut. Il ne pouvait pas lui répondre sans lui dévoiler la vérité.
Mais s’il ne lui répondait pas, elle allait croire que quelqu’un était plus important qu’elle dans sa vie.
- Je t’assure que ce n’est pas ce que tu crois …
Un bruit.
- Ton portable, Yunho.
Il soupira.
- Je reviens. Si c’est encore lui, j’le tue.
Elle sourit, se leva et le suivit jusqu‘à la porte. Une fois qu’il fut sortit, elle referma la porte derrière lui.
- Eh, mais …
Yunho se retourna, le téléphone dans la main.
- Il n’a pas vibré mon portable…
Ses yeux se posèrent sur la porte fermée de la chambre de la jeune femme et il alla s’avachir sur le canapé.
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La semaine passa. Ils ne se parlèrent pas, s’évitaient même.
Après tout, qu’y avait-il à rajouter ? Rien.
La tension entre eux étant trop forte, leur petite soirée entre amis ne se fit pas.
Yunho fit ses bagages et se prépara pour le jour J.
Ce jour là, ils étaient tous réunis, avec leurs amis, pour boire un dernier verre.
Personne ne connaissait vraiment la raison de ce départ. Et personne n’osait poser la question.
Ils burent tous ensemble, rirent un peu, et l’appartement se vida, laissant May et Yunho seuls, chez
eux.
La jeune femme tentait de ne pas pleurer.
Mais elle était bien trop émotive, trop sensible.
Et trop amoureuse.
Lentement, une larme osa couler le long de sa joue. Suivie d’autres.
May ne put réprimer un sanglot.
Yunho la regarda quelques secondes, le cœur serré.
Il se leva et alla la prendre dans ses bras.
- Shh … ça va aller, ça va aller.
Elle s’agrippa à lui, le serrant contre elle avec toute la force dont elle disposait.
Comme si elle pouvait le retenir simplement ainsi.
Elle essaya de parler, les paroles entrecoupées de sanglots.
- Je t’en prie… ‘Me laisse pas …
- Ça va aller …
Qui essayait-il vraiment de persuader ? Elle ? Ou lui ?
- Je ne le supporterai pas Yunho.
- Ça va aller …
- Surtout si tu pars sans me donner d’explication.
- Ça va aller …
- Non ! Ça ne va pas aller !
- Tu seras mieux sans moi.
Elle le poussa violemment.
- Comment tu oses me dire ça ! T’as pas de cœur ou quoi ?
Elle le dévisageait, le regard dur.
Il allait partir, s’en aller loin d’ici, loin d’elle. Alors peut être …
Peut être qu’il pouvait lui dire la vérité à présent.
Ou lui faire comprendre…
Il s’approcha, lentement, très lentement, un minuscule sourire sur les lèvres.
Il caressa
ses cheveux.
Sa joue. Effleura le contour de
son visage.
Il effleura
son menton le remontant légèrement.
Il ferma les yeux, prêt à savourer le meilleur moment de sa vie.
Et tendrement, le plus amoureusement du monde, il captura
ses douces et délicieuses lèvres.
Puis sa langue rencontra la
sienne. Elles se cherchèrent.
Se frôlèrent.
Se touchèrent.
Se découvrirent.
Jouèrent.
S’emmêlèrent.
Se taquinèrent.
Dansèrent ensemble un ballet passionné dans lequel ils s’égarèrent.
Plus rien n’existait autour d’eux.
Excepté l’autre.
Excepté les lèvres de l’autre.
Excepté la langue de l’autre.
Excepté les mains de l’autre qui vagabondaient au gré de leurs envies le long de leur courbes.
Et ils se séparèrent.
Les lèvres rougies par le baiser.
Les joues rosies par le manque d’air.
Ils venaient de vivre un moment magique.
Un moment incroyable.
Un moment inoubliable.
Le moment qu’ils attendaient depuis si longtemps.
- Je suis … désolé. Je me doute bien que ce n’est pas réciproque mais …
Une phrase qui meurt entre deux paires de lèvres.
Un corps qui se jette sur un autre.
Une bouche qui en empare une autre.
Un nouveau baiser.
Plus langoureux.
Plus passionné.
Plus enflammé.
Plus fougueux.
- Je ne connais pas vraiment les raisons qui te poussent à partir loin de moi. Mais je t’en donne une de rester ici.
- May …
- Je ne suis sûrement pas aussi bien que la femme que tu aimes. Mais j’ai affreusement besoin de toi.
- Ne dis pas de bêtises.
Il la prit dans ses bras et lui piqua un autre baiser.
- Et moi aussi, j’ai affreusement besoin de toi.
Elle le regarda, une lueur d’incompréhension dans les yeux.
- Mais …
- Oui ?
- Tu … tu m’as dit que t’aimais une fille mais que ce n’était pas réciproque, que la situation te poussait à partir … et je ne pense pas qu’il n’y ait que ça …
Il lui sourit. Tendrement. Simplement.
Elle ne comprenait toujours pas.
Elle le fixait avec une moue adorable qui le fit rire.
Ça faisait des lustres qu’il n’avait pas ri ainsi, de bon cœur.
Il l’embrassa sur le front, ravi de la nouvelle relation qu’il y avait entre eux et bien décidé à en profiter pour se décharger du trop plein de tendresse qu’il avait accumulé.
- Tu es toujours aussi naïve et innocente.
Elle lui donna une petite tape.
- Eh ! Je ne te permets pas ! Explique toi au lieu de te moquer de moi.
Son sourire s’agrandit.
Il caressa encore une fois sa joue.
Laissant durer l’instant. Faisant grimper le suspense.
- La femme que j’aime …
Il rapprocha leurs visages, se délectant de la lenteur avec laquelle la distance entre eux s’amenuisait.
- Depuis tant d’années …
Il s’arrêta à quelques centimètres de sa bouche si tentante.
- C’est toi.
Il clôtura sa phrase par un énième baiser.
The End
Bon la censure du fofo remplace m*rde par maison (xDD) s'il en reste, faites moi signe merci xD